La très cartésienne revue « Science & Vie » publie un article reconnaissant la sensibilité de l’Homme aux champs magnétiques statiques !

« Certains diront qu’ils l’ont toujours su, d’autres auront du mal à y croire… Mais le temps n’est plus aux a priori. Car aujourd’hui, les faits sont là : sans même en être conscients, nous serions capables de ressentir les champs magnétiques ! Alors que l’idée de l’influence de ces champs sur le vivant a longtemps été réservée aux sourciers, magnétiseurs et autres adeptes de pseudo-sciences, la science lui offre pour la première fois une crédibilité, sous la forme de mécanismes biologiques plausibles et d’observations comportementales indéniables. Elle dessine ainsi les contours d’un sens magnétique, certes encore plein de mystères, mais qui ne relève plus du paranormal.

À première vue, tout pousse pourtant à douter de l’existence d’une perception sensorielle des forces magnétiques. Invisibles, inaudibles et impalpables, sans saveur ni odeur, ces forces nées du tourbillon de métaux fondus qui anime le coeur de la Terre ne se révèlent qu’en présence de boussoles ou d’aimants. Les lignes du champ terrestre qui relient chaque point de la planète à ses pôles magnétiques nord et sud ont beau traverser chacune de nos cellules, elles demeurent une bizarrerie en laquelle on croit, plutôt qu’un phénomène physique que l’on perçoit. D’ailleurs, si l’odorat a le nez, et la vue l’oeil, quel serait l’organe de la réception du champ magnétique ? Comment expliquer le fait que nous n’ayons aucune conscience de cette information ? Et à quoi celle-ci pourrait-elle bien nous servir ? Autant d’énigmes qui laissent imaginer pourquoi le champ magnétique est devenu une caution scientifique idéale pour les idées les plus farfelues… Le chemin aura été long avant qu’émerge l’hypothèse de la capacité de l’homme à détecter les champs magnétiques. Même des faits aujourd’hui largement acceptés, comme la présence d’un sens magnétique chez la plupart des espèces migratrices, ont eu beaucoup de difficultés à s’imposer. « Il y avait au début un énorme scepticisme, chez les biologistes comme chez les physiciens », confirme Kenneth Lohmann, biologiste à l’université de Caroline du Nord, à Chapel Hill (États-Unis).

Évoquée dès le début du siècle dernier, l’hypothèse d’un sens magnétique chez certains oiseaux migrateurs n’a été reconnue par la communauté scientifique qu’à partir des années 1960 […] En présence d’un champ magnétique terrestre perturbé, les oiseaux avaient tendance à se diriger vers une autre direction que celle qu’ils privilégiaient habituellement. […]

Nous savons aujourd’hui, personne ne doute plus que de nombreux animaux, pour se repérer dans leurs longs trajets migratoires, utilisent les variations dans la direction des lignes de champ magnétique qu’ils traversent.